Quelle apiculture ?

Bonjour à tous,
Voilà un an à peu près depuis mon premier message et je dois dire que mon regard sur l'apiculture à bien changé ! Ma motivation est toujours la même et elle a même augmentée mais je dois dire que je suis tombé de mon nuage.
Je me permets d'ouvrir ce post pour ne pas faire de hors sujet dans le poste "gérer 1000 ruches" et pouvoir discuter du type d'apiculture que nous souhaitons.
Voici un lien intéressant: www.buzzaboutbees.net/commercial-beekeeping.html
Qui peut être le départ de la discussion. Il faut de tout pour faire un monde, des petits apiculteurs privilégiant le commerce de proximité et des gros, pour toucher une bonne partie de la population qui ne peut se permettre d'acheter à un certain prix et qui achèterait chinois sinon. Avant d'être ce que je suis j'ai été dans ce cas. Petits et gros (en nombre de ruches ⯑) faisant son travail avec passion !
Moi, j'ai décidé de tenter l'expérience en ne faisant que du gros.
Ps: intéressante l'appellation "commercial beekeeper" des anglo-saxons

Ben il faut être rationnel,
à partir de 300 ruches environ;
ça devient difficile de tout vendre en direct (seul)
Après ça prend autant de temps de s'occuper des ruches que de commercialiser.

On va dire que le gros c'est un débouché plus facile ou plus expéditif alors que le détail c'est un travail de tous les jours plus la mise en pots et l'étiquetage.

Faire ce qu'on aime le plus: être avec les abeilles à fond 7J/7 sans contrainte de conditionnement, étiquetage, présence sur un point de vente ou livraison. Faire un marché le seul jour de beau temps de la semaine alors que les ruches sont sur le point d'essaimer peut être frustrant .

La production et la vente, c'est 2 métiers différents.

Se délester de la vente directe permet d'améliorer sa performance ou efficacité, de se concentrer sur un seul objectif: avoir les meilleures conditions possibles pour produire.

Avant de m'installer, je pensais moi aussi privilégier la production sur la commercialisation car je ne me sentais pas à l'aise avec le contact humain avec le client, le capitalisme et la vente. La réalité de la société de consommation, quoi.
Et puis j'ai fait un marché pendant un stage , sur le coup, ça m'a paru difficile mais pas impossible.

Je me suis imposé l'idée au départ plus par idéologie( favoriser les circuits courts et le local, éviter de rémunérer des entreprises qui ne le méritent pas, valoriser une production de qualité); ensuite j'y ai pris goût très vite et je ne reviendrai pas en arrière.

Salut,
moi je suis passé par différentes apiculture : amateur puis stagiaire/salarié saisonnier puis pro en gelée-royale.
ma gélée je la vendait uniquement en gros et 1/2 gros, zéro détail. en saison je passais vraiment tous mon temps sur mes caisses et au labo (4h de greffage tous les 3 jours :S )
et puis j'en ai eu marre que les revendeurs se fassent quasiment autant de fric que moi sur ma gelée alors que je me tapais des journées de 15 heures non-stop pour la sortir...
j'ai essayé de faire un peu de détail mais effectivement ça prend du temps et c'est compliqué. l'avantage c'est quand même qu'on peut se consacrer à la vente une fois que la saison est finie. le gelée se produit d'avril à juillet et se vends bien d'octobre à décembre, c'est bien pratique !
et puis j'ai eu des enfants, les prix de la gelée ont baissé avec l'augmentation de la concurrence et les flots de chinoise et donc j'ai laissé tombé.
je me suis donc consacré au miel mais avec mon petit cheptel et mon envie de garder du temps pour mes gosses j'avais pas d'autre choix que de valoriser au max en vendant au détail... et comme Flo-bourdon j'y ai pris gout. c'est vrai que c'est pas facile, c'est un autre métier mais finalement c'est passionnant :
il faut pas se voir comme un capitaliste assoiffé de profit mais plutôt comme un défenseur des abeilles. en discutant avec les clients on se rend compte à quel point beaucoup de gens sont totalement ignorants de la problématique des abeilles, de la pollinisation, des pesticides, des dérives de l'agriculture productivistes, etc...
et ils sont demandeurs de renseignements, ils ne demandent souvent qu'à s'intéresser et surtout ils sont nombreux à vouloir manger du miel vraiment local et un miel dont ils sont sur de la qualité (pas du chinois coupé au sucre...)
je leur fait découvrir des nouveaux gouts, je leur explique nos soucis, la nécéssité d'arréter de traiter leurs fruitiers au chimique ou de mettre du désherbant sur leur terrasse...
et tout ça, ça me semble vraiment important.
et puis mon bonheur, même si je gagne pas grand-chose, c'est de maitriser la chaine de bout en bout : je soigne mes colo, je récolte le miel, je le conditionne, je le vends et je gagne mes sous sans intermédiaire qui se sucre sur mon dos ! (enfin presque je suis pas encore à 100% de détail...)
et puis après avoir bossé dans de très grosses exploitations et avoir passé 70h/semaine sur mes ruches à gelée, je me dis qu'à force on se coupe du monde et des autres...

à la fin de mon dernier stage chez un producteur de gelée ET de miel le gars m'a dit : "fais attention avec ce métier, moi j'ai bien gagné ma vie jusqu'ici mais je n'ai pas vu grandir mes gosses et ma femme est devenu une sorte de colocataire que je croise de temps en temps, on est au bord du divorce..."
peu de temps après, il a revendu son exploitation

Tout à fait d'accord Flo-bourdon, le détail c'est un travail de tous les jours!!! J'ajouterai une réflexion non négligeable: le retour des clients fidèles...Si en fin de saison, on est naze, voire déçus de la saison, voire un peu déprimés, avec les foires d'automne, on retrouve du booste et franchement moi çà m'a toujours remontée le moral! Et aussi du cash qui rentre, une valorisation de notre dur labeur par des clients sympas et fidèles... Son nom sur l'étiquette, on peut en être fier car çà valorise notre travail et notre miel n'est pas dissimulé dans un mélange de miels d'autres apiculteurs vendus en supermarché!!
Cependant, à un certain rendement effectivement, il vaut mieux vendre une partie en gros...et essayer de partir en vacances (sinon on finira par se demander: "çà veut dire quoi "vacances"?)...
Donc, trouver un équilibre de travail et financier...