Souches d'abeilles et nourrissements

On va donc continuer la discussion ici si vous êtes intéressés...
je pense que les souches génétiques (indépendamment des races ou des couleurs) sont déterminantes dans la conduite des ruches.
certaines peuvent se passer de nourrissement, d'autres pas.
la fin de saison 2017 dans le sud-est fournit un excellent exemple ! sécheresse totale, chaleur persistante, pénurie de fleurs, quasiment pas de pollen alors que les journées
raccourcissent à toute vitesse et que l'automne est là.
comment s'adaptent les abeilles ? j'observe une très grande hétérogéneité dans les ruchers. certaines ruches arrivent à prendre du poids mais elles ne font presque pas de couvain (1 ou 2 plaque grande comme la main), d'autres ont 2 ou 3 grands cadres de couvain mais crient famine, d'autres encore manque de réserve et pondent très peu, certaines (les meilleures ) ont un large couvain concentré sur 2 cadres, bien entouré de miel et leurs ruches sont très lourdes.
pourtant elles sont au même endroit et reçoivent le même nourrissement de sauveté (galettes protéinées).
donc, on peut penser que si je n' avait que des souches capables de résister à la sécheresse et d'avoir à la fois des réserves suffisantes et du couvain en quantité, je n'aurait pas besoin de nourrir, ou presque, et j'aurais un cheptel complet en état de passer l'hiver sans problème (et sans candy ni fondant).
j'ai des à moitié jaunes qui vont bien, des toutes noires à la peine et inversement, aucune corrélation avec la couleur... (pas de "race pure" chez moi)
je pense, comme le disait Max sur un autre post, que notre grand mix génétique avec des souches issues de toute l'Europe est bien responsable de cette situation.
par exemple, si l'on a une reine avec certains gènes venus des îles grecques ou de Malte, il est logique qu'à l'approche de l'hiver elle ne se soucie pas des réserves et continue
de pondre comme si de rien n'était. une vraie noire cévenole stoppera presque la ponte et s'attèlera a entourer le peu de couvain avec un maximum de miel, etc...
la sélection et le choix des souches est crucial ! la preuve avec de bonnes souches efficaces et adaptées la récolte est au rendez-vous et le sirop est inutile même lors des année à météo pourries comme 2016 et 2017, alors qu'avec d'autres, même des reines jeunes et bonnes pondeuses donnent des colonies qui récoltent peu ou ont toutes sortes de soucis.
malheureusement, les filles de ces super souches ne sont pas toujours à la hauteur, même avec des ruches à mâles sur les ruchers de fécondation.
d'ailleurs chez moi, à la saison des fécondations, il y a des milliers de ruches de pro qui arrivent de tout le quart sud-est pour la transhumance sur chataignier (et leurs mâles viennent avec...) et beaucoup de se soucie pas de rusticité ou d'autonomie alimentaire mais seulement de la taille et de la densité des cadres de couvain, puisque même en cas de disette ou de ruches trop peu pourvues en réserves pas de soucis on sort la citerne de sirop low-cost !
et quand on a des mâles issus de ces lignées qui arrivent par dizaines de milliers, ça devient compliqué d'avoir des souches rustiques comme on aime.
je ne leur jette pas la pierre, j'en ai élevé aussi des abeilles venues de contrées lointaines et aux comportement bizarre, mais j'en suis revenu, au final ça ne mène à rien, et il y a toujours sur le marché des reines fécondées, une grande quantité de ces souches qui réservent de bien mauvaises surprises, même à 30 ou 40€ la bestiole

Je ne suis pas une référence en apiculture, mais voilà mon témoignage de cette année.
J'ai des abeilles croisées au bon vouloir de la nature, noires pour certaines, bien jaunes pour d'autres.
En cette année terrible pour l'apiculture, du moins je parle pour moi et dans le Gard, où les colonies sont minuscules avec maximum 5 cadres occupés, peu ou pas de couvain, affamés si on ne les aide pas et qui ne m'ont bien évidemment donné aucune récolte dans ces conditions, j'ai un essaim qui s'est enruché dans une ruche vide en fin de printemps, c'est un essaim venu je pense d'un pro de la commune, avec des abeilles que je n'ai pas l'habitude de voir, d'aspect très différent des miennes, d'une vraie race sélectionnée je dirais.
Quelques jours aprés l'essaim occupait presque toute la ruche, tout au long de la saison c'est le seul qui occupait la hausse, j'aurais pû lui récolter deux hausses sur quelques mois et à ma visite de hier c'est le seul qui occupe les 10 cadres et qui a une hausse de miel pleine pour hiverner.
Donc moi aussi, je me dis que si j'avais que des colonies comme ça, ce serait plus simple, je ne passerait pas mon temps à galérer avec des colonies minuscules et j'aurais sans doute encore du miel à vendre aujourd'hui.
Alors je vais suivre les conseils de collègues plus expérimentés que moi et tenter de changer les reines comme on me le recommande souvent, je verrai à ce moment là si je vois la différence.
C'est pourtant pas trop l'apiculture que j'aimerais pratiquer, mais visiblement je suis arrivé au bout de mon systeme actuel.
Voilà pour mon modeste témoignage.
Bonne aprés midi à vous

@ Ardecho,

Tes constatations sont tout à fait normales et la réponse de Florent qui suit constate exactement la même chose ce qui confirme tout aussi bien ce que j'écrivais hier sur un autre fil en réponse à ce propos !!
Et d'ailleurs assez content que tu nous en reparle ici et dans ce sens, ce qui m'empêchera de passer pour un cas à part, ?

C'est pas spécialement nouveau, mais si tout ceci permet de dire et de constater une chose, c'est que pour toutes les raisons que nous connaissons, l'apiculture devenant de plus en plus exigeante, il faudra se poser les bonnes questions, ce qui nous obligera forcément à une sélection de plus en plus rigoureuse et ceux qui n'y adhéreront pas (même à grand renfort de sirop) ne s'en sortiront pas, d'autre part, pour ce qui concerne le climat (et qui nous concerne prioritairement) je constate aussi bien cette année que l'an passé, que certaines de mes souches "très Sud" s'en sortent plutôt bien, ce qui par atavisme s'explique certainement, mais si la tendance se confirme, il faudra sans doute s'en préoccuper d'avantage ??

Cette réflexion ne fait que reprendre ce qui s'est passé pour l'abeille au fil des temps par une sélection naturelle ou les souches les mieux organisées ont su s'adapter pour hiverner, c'est d'ailleurs le cas pour toutes les espèces, nous n'avons donc rien découvert ni rien à inventer !!