Résultats de recherche (Recherche de : Vespa velutina)

  • gfass2
12 Fév 2015 22:57 - 11 Fév 2016 09:15
Je vous propose une théorie qui suppose que le piégeage des jeunes reines au printemps serait de nature a profiter à sa propagation. Elle relaie l'avis que les scientifiques avaient émis depuis le début mais diverge quelque peu de leurs motivations.

Depuis son arrivée en 2004, nous savons aujourd’hui que nous ne parviendrons vraisemblablement jamais à éradiquer le frelon asiatique de notre pays. La progression de sa colonisation (1), nous montre que nous n’avons pas pu, ou su, lui opposer des parades utiles pour la stopper, voire simplement la ralentir.
La destruction systématique des colonies et le piégeage des fondatrices au printemps sont des moyens de lutte qui montrent aujourd’hui leurs limites, pire, ils favoriseraient son expansion.
Par ailleurs, les dégâts collatéraux causés par le piégeage sur l'entomofaune et en particulier sur le frelon européen, nous privent de l'interaction que ce dernier exerce sur le frelon à pattes jaunes.

En écartant d’emblée les recommandations formulées par les scientifiques de notre pays dès la première heure (2), la communauté apicole a étonnement adopté une posture radicalement opposée. S’appuyant sur une très forte médiatisation qui se poursuit toujours, elle a appelé au piégeage massif des jeunes reines au printemps.
En faisant bien la part des choses, sachant qu’il est parfaitement acceptable, voire recommandé, de procéder au piégeage des ouvrières aux abords des ruchers pendant la période estivale, lorsque la pression est trop forte, nous devons aujourd’hui nous résoudre à abandonner le piégeage des fondatrices au printemps.
Il faudrait même, usant de la même mobilisation médiatique, avoir le courage de dire : « nous nous sommes trompés, il faut arrêter ». A terme, l’image même de l’apiculteur, acteur sensible à l’environnement, en tirera bénéfice.
Ce piégeage a fait et continue de faire la preuve de son inefficacité dans les secteurs infestés. Même généralisé et organisé localement, comme cela a été scientifiquement conduit, il ne freine ni ne régule la propagation.
Certains commentaires tendent à faire croire le contraire en présentant des résultats significatifs. Ces résultats ne sont en réalité que l’observation de fluctuations naturelles, régulièrement observées dans la répartition des colonies. Ils cèdent rapidement avec le temps. La situation actuelle dans les départements colonisés depuis 2004 en est la preuve flagrante, rien n’est réglé loin s’en faut.
Car le paradoxe est bien là. Plus on piègera les fondatrices du frelon asiatique, plus il se manifestera avec force sur les ruchers. Ceci ne paraît pas cohérent et pourtant.
Les colonies de Vespa.vélutina s'équilibrent naturellement entre elles dans l'espace en faisant montre d'une réelle « territorialité ». Celle-ci doit être considérée comme une règle, la proximité parfois rencontrée étant l’exception.
Au printemps, les fondatrices exercent entre elles une très forte rivalité pour la conquête d’un territoire. Se joue alors une véritable compétition pour la domination des sites de nidification, et donc du territoire, par l’éviction des fondatrices établies. Ainsi, une même fondation peut être conquise tour à tour par de nombreuses jeunes reines, la plus forte l’emportant souvent selon le principe de la sélection naturelle.
Les fondatrices vaincues sont, soit retrouvées mortes à l’aplomb des fondations, soit contraintes de rechercher un autre territoire. L’expression « jeu des chaises musicales » semble bien convenir pour imager ce moment de leur existence.
Cette même rivalité continue de s’exercer au fur et à mesure du développement des colonies par les combats qu’elles se livrent entre elles, la plus faible disparaissant naturellement.
La compétition avec notre frelon autochtone, Vespa.crabro, existe réellement, elle est régulièrement observée. Les fondatrices de ce dernier ont largement fait les frais du piégeage bouteille, disparaissant même complétement par endroit.
Certains avancent que l’éveil de ses fondatrices serait plus tardif et autoriserait donc une fenêtre de piégeage sélective. C’est faux, des campagnes de marquage nous montrent qu’elles sortent de diapause à la même époque.
Le manque de sélectivité du piégeage nous a donc privé d’un axillaire précieux, déjà de par son utilité avérée dans l’écosystème, (rappelons qu’il fait l’objet d’une protection spéciale en Allemagne), mais également dans l’opposition naturelle qu’il pouvait nous apporter à la pénétration de Vespa.vélutina.
En piégeant, on pense trouver un intérêt stratégique souvent exprimé par « une fondatrice de moins, c’est un nid de moins ». D’autres pourraient répondre : « Oui mais ! Une fondatrice de piégée, c’est dix fondatrices qu’elle ne tuera pas, ici ou ailleurs ». Ceux-là ne sont pas entendus. Pourtant, s’il est bien connu qu’on ne change pas une équipe qui gagne, pourquoi garder des recettes qui ne fonctionnent pas ?
Reste qu’il existe une constante indiscutable, « la nature a horreur du vide ». Le paradoxe est là, plus on tue de jeunes reines, moins s’exerce la rivalité.
Il n’y a aucun intérêt à rechercher par le piégeage la diminution du nombre de colonies. Quand bien même elles seraient moins nombreuses, rien n’est moins sûr, ce ne serait pas un avantage, bien au contraire. En piégeant aux abords des ruchers au printemps, on crée un no mans’land ou plus exactement un no frelon’sland.
Que se passe-t-il alors...? En juillet/août, les colonies périphériques, très éloignées des ruchers, prospèrent allègrement sur un vaste et riche territoire, qu'elles exploitent sans concurrence. Elles se développent tellement qu'elles peuvent sans difficultés étendre leur zone de prédation jusqu'aux ruchers. La distance ne leur fait pas peur, il n'y a personne pour leur contester l'espace et la colonie bien nourrie, ne manque pas d'ouvrières pour conduire ses raids de plus en plus loin.
On observe généralement que les colonies sont d’une taille démesurée en début de colonisation. Les années suivantes, les colonies sont moins importantes. On pense alors avoir freiné l’envahisseur, il n’en est rien, Vélutina entre en concurrence avec lui-même, il n’attend qu’une chose, que le piégeage l’aide à lutter contre la concurrence.
Une colonie forte, sans concurrence, a de gros besoins en protéine, le rucher la lui donne. Elle va s’épanouir, prospérer allègrement ce qui lui permettra de produire une plus grosse quantité de jeunes reines qu’une colonie « normale » ne peut en produire. Cet état de fait va décupler sa capacité de dissémination sur le territoire l’année suivante. Pour l’heure, ses effectifs sont tellement importants que même le piégeage estival ne semble pas en venir à bout. Cachée dans les frondaisons d’un grand arbre, on ne la découvrira qu’à l’automne après la chute des feuilles et là…. On est reparti pour un tour !
Pourquoi les asiatiques ne semblent pas très préoccupés par cette problématique. Si tel était le cas, je pense qu’il y a bien longtemps qu’ils auraient trouvé la solution et nous l’auraient soufflé.
Tout simplement parce la recherche des colonies représente pour eux un intérêt lucratif et gustatif, les larves étant considérées comme un mets de choix. La colonie est activement recherchée, localisée puis « prélevée » à maturité, vraisemblablement avant l'apparition des sexués, ce qui freine d’autant la phase de colonisation.
Bien sur ceux qui n’y ont pas encore goûté, peuvent rechigner à rechercher les colonies dans cette perspective gourmande. Il serait peut-être bon alors de s’en inspirer.
De mon point de vue, je pense qu’au lieu de piéger les jeunes reines au printemps, ce qui ne sert à rien qu’à accélérer le processus de propagation, il serait beaucoup plus judicieux et efficace de procéder à la recherche et la localisation des colonies; de les laisser prospérer jusqu’à leur maturité, de retarder leur destruction à mi-aout/septembre, quand le sécurité des personnes l’y autorise. A ce sujet, le déplacement d’une colonie de la taille d’une orange (fondatrice accompagnée de deux ou trois ouvrières) se fait très facilement, en prenant un minimum de précautions, selon la technique du sachet de papier.
En retardant sa destruction, on s'appuie alors sur l'effet de «territorialité » de la colonie localisée. Elle devient un auxiliaire dans la « défense » du secteur, sachant bien que cette collaboration prendra fin dès que ladite colonie exercera une pression jugée insupportable pour le rucher.
En détruisant trop tôt une colonie bien « visible et localisée », on permet à une autre colonie « non localisée » de s'installer sur le territoire libéré, mais aussi à une autre de prospérer davantage dans un autre endroit qui nous est étranger et que nous ne découvrirons peut-être qu'à l'automne.
La Situation de la colonisation en 2014.

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