Soyez constructifs et... courtois ! Par avance merci pour les apinautes qui dialoguent avec vous ou qui simplement vous lisent
A méditer...
- gallus
- Auteur du sujet
- Visiteur
21 Aoû 2015 19:20 - 21 Aoû 2015 21:05 #100044
par gallus
A méditer... a été créé par gallus
Vous remplacez le mot erable par miel et çà devient très intéressant à lire:
21 août 2015
Au Québec, la guerre du sirop d’érable est déclarée
Une bouteille de sirop d'érable. (REUTERS/Brian Snyder)
Le Québec produit 72 % des provisions mondiales de sirop d'érable. (REUTERS/Brian Snyder)
Qu'il serve de sucre de table, à assaisonner des pancakes ou à agrémenter un whisky, le sirop d'érable connaît outre-Atlantique un succès qui ne se dément pas. Pourtant, le petit monde de l'acériculture québécoise – la culture de l'érable – est en crise. Et le New York Times s'est penché sur la question.
Un conflit oppose en effet certains producteurs à la toute-puissante Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ). La province canadienne produit 72 % des provisions mondiales du produit selon la Fédération, qui a depuis 1990 le monopole de la revente de la production. En 2004, elle a même gagné le droit de décider qui pouvait produire du sirop d'érable et en quelles quantités.
Pour certains producteurs, interrogés par Radio Canada, l'emprise de la Fédération sur le marché acéricole a permis d'augmenter le nombre d'érables utilisés ainsi que le revenu perçu après revente. Le prix moyen de la livre de sirop d'érable est aujourd'hui à 2,85 dollars canadiens contre à peine 2 dollars canadiens en 2003. Ce qui n'était qu'une petite occupation une partie de l'année est ainsi devenu un travail à plein-temps.
Le contrôle sur la production et la vente par la Fédération a aussi permis aux producteurs acéricoles de ne plus être dépendants des acheteurs qui fixaient les prix et laissaient parfois de grosses quantités en surplus. Cette gestion des stocks, en fonction des récoltes plus ou moins prolifiques, permet de ne pas perdre la production. Les années creuses, la Fédération alimente le marché avec les réserves. Ainsi, les prix sont maintenus et les acheteurs satisfaits. En 2013, ces stocks étaient estimés à 63 millions de livres de sirop.
Interrogé par le New York Times, Benoît Faille, producteur de sirop d'érable, de pommes et de myrtilles, tresse des louanges à la Fédération.
"Aujourd'hui, les banques n'hésitent pas à prêter de l'argent pour l'achat d'une production de sirop d'érable. Elles savent que les prix sont garantis, que les producteurs sont assurés de vendre toute leur production chaque année et que le marché est très stable."
Mainmise de la Fédération sur le marché
Mais cette mainmise de l'organisation sur le marché québécois et ses pouvoirs croissants ne sont pas du goût de tout le monde. Suite à la mise au jour en 2012 d'un spectaculaire recel de sirop d'érable, d'une valeur totale de 18 millions de dollars, la Fédération a durci le ton envers les producteurs afin de prévenir toute contrebande.
Soucieuse de remettre de l'ordre dans ses affaires, elle a donc renforcé ses contrôles. Certains producteurs, soupçonnés de vendre une partie de leur production en dehors du circuit officiel, sont donc surveillés par des agents qui contrôlent quotidiennement la production, et réalisent si besoin des saisies.
C'est ce qui est arrivé à Robert Hodge, qui reconnaît avoir contourné le système pour vendre sa production à un acheteur de l'Ontario. En 2009, la Fédération lui a réclamé 278 000 dollars canadiens par mesure de rétorsion. Le producteur touche environ 50 000 dollars canadiens par an avec le sirop, sachant que la moitié de cet argent sert à payer les installations électriques et le pétrole dont il a besoin pour faire fonctionner son érablière.
Le sirop d'érable sortant de l'évaporateur, l'appareil qui transforme la sève en sirop en la faisant bouillir. (REUTERS/Brian Snyder)
L'évaporateur transforme la sève en sirop en la faisant bouillir. (REUTERS/Brian Snyder)
M. Hodge déclare n'avoir aucun problème à payer les 12 cents de taxe par livre réclamés par la Fédération au titre des différents services qu'elle propose – notamment la promotion du sirop d'érable à l'étranger et vers les nouveaux marchés, comme l'Asie. Il refuse en revanche de se plier aux quotas de production imposés.
"Nous estimons que ce produit nous appartient. Nous avons acheté nos terres. Nous avons fait tout le boulot. Pourquoi ne pourrions-nous pas vendre notre production comme nous le souhaitons à partir du moment où nous payons nos taxes ?"
Fuite des producteurs vers les Etats-Unis
Robert Hodge n'est pas le seul à contester ce monopole. Du côté des acheteurs, certaines compagnies, qui s'approvisionnent régulièrement au Québec, commencent à se tourner vers les productions du Vermont (Etats-Unis) ou du Nouveau-Brunswick (Canada) où les prix sont moins élevés – 2,70 dollars la livre dans le Vermont en 2013.
De fait, le marché québécois est en perte de vitesse. Malgré une production en très grande quantité – le Québec a enregistré en 2015 la quatrième meilleure récolte de son histoire avec 107,2 millions de livres produites – les chiffres sont globalement à la baisse sur les dernières années. Une étude relayée par le site québécois Canoë estime ainsi que la part du Québec sur le marché mondial du sirop d'érable pourrait baisser à 68 % en 2018, quand elle était encore de 78 % en 2006. Dans le même temps, le marché américain ne cesse de prendre de l'importance : il représente aujourd'hui 23 % de la production mondiale.
Une situation qui n'inquiète pas outre mesure Paul Rouillard, directeur adjoint de la Fédération. "Notre part globale diminue, mais nos ventes augmentent de presque 10 % par année depuis cinq ans, explique-t-il à Canoë. Nos exportations montent de 6 à 8 %."
Le journaliste Pierre Duhamel note pourtant de son côté que certains producteurs québécois commencent à déserter pour installer et développer leur production aux Etats-Unis, où ils échapperont aux contraintes imposées par la Fédération. C'est le cas des Industries Bernard et Fils qui "ont investi ces dernières années à Island Pound, au Vermont, où ils peuvent entailler [technique d'exploitation des érables pour récolter le sirop] jusqu'à un million d'érables".
Entaille d'un érable. (REUTERS/Brian Snyder)
L'entaillage joue sur la qualité de la sève récoltée, le rendement du sirop et la santé de l'arbre. (REUTERS/Brian Snyder)
Pierre Duhamel ajoute que "le potentiel du Vermont est impressionnant, puisque seulement 2 % des érables ont été entaillés jusqu'à maintenant". Une concurrence féroce qui va sans doute pousser la Fédération des producteurs acéricoles du Québec à revoir quelque peu sa copie si elle veut limiter la fuite de ces producteurs. Si les plus petits sont dépendants de la Fédération, les plus puissants, comme Industries Bernard et Fils, peuvent quant à eux se permettre de tenter l'aventure américaine.
Car même si la Fédération décide de miser gros sur les nouveaux marchés, la situation demeurera inchangée pour les producteurs québécois, selon Benoît Girouard, président de l'Union paysanne, interrogé par Canoë. "Les Américains vont passer après nous et dire : je fais le même sirop et je vous le vends moins cher."
Alexis Hache
21 août 2015
Au Québec, la guerre du sirop d’érable est déclarée
Une bouteille de sirop d'érable. (REUTERS/Brian Snyder)
Le Québec produit 72 % des provisions mondiales de sirop d'érable. (REUTERS/Brian Snyder)
Qu'il serve de sucre de table, à assaisonner des pancakes ou à agrémenter un whisky, le sirop d'érable connaît outre-Atlantique un succès qui ne se dément pas. Pourtant, le petit monde de l'acériculture québécoise – la culture de l'érable – est en crise. Et le New York Times s'est penché sur la question.
Un conflit oppose en effet certains producteurs à la toute-puissante Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ). La province canadienne produit 72 % des provisions mondiales du produit selon la Fédération, qui a depuis 1990 le monopole de la revente de la production. En 2004, elle a même gagné le droit de décider qui pouvait produire du sirop d'érable et en quelles quantités.
Pour certains producteurs, interrogés par Radio Canada, l'emprise de la Fédération sur le marché acéricole a permis d'augmenter le nombre d'érables utilisés ainsi que le revenu perçu après revente. Le prix moyen de la livre de sirop d'érable est aujourd'hui à 2,85 dollars canadiens contre à peine 2 dollars canadiens en 2003. Ce qui n'était qu'une petite occupation une partie de l'année est ainsi devenu un travail à plein-temps.
Le contrôle sur la production et la vente par la Fédération a aussi permis aux producteurs acéricoles de ne plus être dépendants des acheteurs qui fixaient les prix et laissaient parfois de grosses quantités en surplus. Cette gestion des stocks, en fonction des récoltes plus ou moins prolifiques, permet de ne pas perdre la production. Les années creuses, la Fédération alimente le marché avec les réserves. Ainsi, les prix sont maintenus et les acheteurs satisfaits. En 2013, ces stocks étaient estimés à 63 millions de livres de sirop.
Interrogé par le New York Times, Benoît Faille, producteur de sirop d'érable, de pommes et de myrtilles, tresse des louanges à la Fédération.
"Aujourd'hui, les banques n'hésitent pas à prêter de l'argent pour l'achat d'une production de sirop d'érable. Elles savent que les prix sont garantis, que les producteurs sont assurés de vendre toute leur production chaque année et que le marché est très stable."
Mainmise de la Fédération sur le marché
Mais cette mainmise de l'organisation sur le marché québécois et ses pouvoirs croissants ne sont pas du goût de tout le monde. Suite à la mise au jour en 2012 d'un spectaculaire recel de sirop d'érable, d'une valeur totale de 18 millions de dollars, la Fédération a durci le ton envers les producteurs afin de prévenir toute contrebande.
Soucieuse de remettre de l'ordre dans ses affaires, elle a donc renforcé ses contrôles. Certains producteurs, soupçonnés de vendre une partie de leur production en dehors du circuit officiel, sont donc surveillés par des agents qui contrôlent quotidiennement la production, et réalisent si besoin des saisies.
C'est ce qui est arrivé à Robert Hodge, qui reconnaît avoir contourné le système pour vendre sa production à un acheteur de l'Ontario. En 2009, la Fédération lui a réclamé 278 000 dollars canadiens par mesure de rétorsion. Le producteur touche environ 50 000 dollars canadiens par an avec le sirop, sachant que la moitié de cet argent sert à payer les installations électriques et le pétrole dont il a besoin pour faire fonctionner son érablière.
Le sirop d'érable sortant de l'évaporateur, l'appareil qui transforme la sève en sirop en la faisant bouillir. (REUTERS/Brian Snyder)
L'évaporateur transforme la sève en sirop en la faisant bouillir. (REUTERS/Brian Snyder)
M. Hodge déclare n'avoir aucun problème à payer les 12 cents de taxe par livre réclamés par la Fédération au titre des différents services qu'elle propose – notamment la promotion du sirop d'érable à l'étranger et vers les nouveaux marchés, comme l'Asie. Il refuse en revanche de se plier aux quotas de production imposés.
"Nous estimons que ce produit nous appartient. Nous avons acheté nos terres. Nous avons fait tout le boulot. Pourquoi ne pourrions-nous pas vendre notre production comme nous le souhaitons à partir du moment où nous payons nos taxes ?"
Fuite des producteurs vers les Etats-Unis
Robert Hodge n'est pas le seul à contester ce monopole. Du côté des acheteurs, certaines compagnies, qui s'approvisionnent régulièrement au Québec, commencent à se tourner vers les productions du Vermont (Etats-Unis) ou du Nouveau-Brunswick (Canada) où les prix sont moins élevés – 2,70 dollars la livre dans le Vermont en 2013.
De fait, le marché québécois est en perte de vitesse. Malgré une production en très grande quantité – le Québec a enregistré en 2015 la quatrième meilleure récolte de son histoire avec 107,2 millions de livres produites – les chiffres sont globalement à la baisse sur les dernières années. Une étude relayée par le site québécois Canoë estime ainsi que la part du Québec sur le marché mondial du sirop d'érable pourrait baisser à 68 % en 2018, quand elle était encore de 78 % en 2006. Dans le même temps, le marché américain ne cesse de prendre de l'importance : il représente aujourd'hui 23 % de la production mondiale.
Une situation qui n'inquiète pas outre mesure Paul Rouillard, directeur adjoint de la Fédération. "Notre part globale diminue, mais nos ventes augmentent de presque 10 % par année depuis cinq ans, explique-t-il à Canoë. Nos exportations montent de 6 à 8 %."
Le journaliste Pierre Duhamel note pourtant de son côté que certains producteurs québécois commencent à déserter pour installer et développer leur production aux Etats-Unis, où ils échapperont aux contraintes imposées par la Fédération. C'est le cas des Industries Bernard et Fils qui "ont investi ces dernières années à Island Pound, au Vermont, où ils peuvent entailler [technique d'exploitation des érables pour récolter le sirop] jusqu'à un million d'érables".
Entaille d'un érable. (REUTERS/Brian Snyder)
L'entaillage joue sur la qualité de la sève récoltée, le rendement du sirop et la santé de l'arbre. (REUTERS/Brian Snyder)
Pierre Duhamel ajoute que "le potentiel du Vermont est impressionnant, puisque seulement 2 % des érables ont été entaillés jusqu'à maintenant". Une concurrence féroce qui va sans doute pousser la Fédération des producteurs acéricoles du Québec à revoir quelque peu sa copie si elle veut limiter la fuite de ces producteurs. Si les plus petits sont dépendants de la Fédération, les plus puissants, comme Industries Bernard et Fils, peuvent quant à eux se permettre de tenter l'aventure américaine.
Car même si la Fédération décide de miser gros sur les nouveaux marchés, la situation demeurera inchangée pour les producteurs québécois, selon Benoît Girouard, président de l'Union paysanne, interrogé par Canoë. "Les Américains vont passer après nous et dire : je fais le même sirop et je vous le vends moins cher."
Alexis Hache
Dernière édition: 21 Aoû 2015 21:05 par .
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Nicolasgrdchamp
- Visiteur
04 Sep 2015 22:07 #100975
par Nicolasgrdchamp
Réponse de Nicolasgrdchamp sur le sujet A méditer...
C'est un super sujet... !
il nous apprend les multiples facettes du business et de la nature humaine... !
il nous apprend les multiples facettes du business et de la nature humaine... !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Drômeapi
- Visiteur
07 Sep 2015 16:26 #101185
par Drômeapi
Réponse de Drômeapi sur le sujet A méditer...
Mettre du sirop d'érable dans son whisky ??? Tabanark !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Temps de génération de la page : 0.353 secondes