pour préciser ma pensée...
tout d'abord, nous sommes bien d'accord sur l'importance de la diversité génétique pour l'adaptation d'une espèce à de nouvelles conditions ou à de nouvelles maladies. Il est bien clair qu'une abeille soi-disant "parfaite" qui serait reproduite en masse n'aurait aucune chance d'adaptation ni de survie à long terme.
Il est bien entendu que chaque race (j'entends par là la carnica, ligustica, l'abeille noire, etc.) possède des qualités spécifique et ce serait une perte, ne serait-ce que génétique, d'en rayer une de la liste.
Par contre, et c'est là où nos opinions divergent, je ne pense pas que la conservation des races soit le meilleur moyen pour permettre de conserver une diversité génétique maximale, mais l'hybridation à grande échelle.
Admettons que chaque apiculteur fasse chez lui un mélange de toutes les races européennes. Il obtiendra une abeille on ne peut plus diversifiée et certainement la plus à même à s'adapter parfaitement aux conditions locales, qui soit-dit en passant, sont extrêmement variables. On aurait, si l'on veut, avec le temps, une seule abeille, l'hybride, mais très différente selon les régions et très riche génétiquement puisque provenant du mélange de tout le patrimoine génétique existant.
Je suis persuadé que cette abeille serait la plus à même de s'adapter par la suite aux aléas des maladies ou parasites importés. Cette évolution prendrait du temps mais se ferait nécessairement, et sans sélection plus poussée que ce qui se fait actuellement.
Prenons l'exemple de l'abeille anglaise. Cette abeille possédait sans doute de nombreuses caractéristiques génétiques très positives pour cette région. L'explosion de l'acariose a décimé les populations et certainement réduit dans un premier temps la diversité génétique de cet écotype. La buckfast (croisement italienne et un petit peu anglaise) a remplacé ce reste de population, et nécessairement, de par la reproduction intensive de cette nouvelle abeille, conduit à la perte irrémédiable d'une partie supplémentaire de la diversité génétique de l'abeille anglaise.
Admettons maintenant que, avant l'épidémie d'acariose, dans toutes les ruches, il y avait eu une abeille hybride de l'anglaise et de l'italienne. Sans doute y-aurait-il eu une partie des colonies qui auraient survécu, celles-là même qui possèdaient la résistance de l'abeille italienne. La différence est pourtant que ces survivants auraient eu une diversité génétique comparable à la somme des deux races.
Prenons un autre exemple : admettons qu'une nouvelle maladie soit importée d'Asie, une maladie sans rémission pour toutes les races européennes, sauf une, admettons la ligustica. Et bien les seules abeilles qui survivraient seraient les italiennes et une partie des hybrides avec du sang italien. Le seul patrimoine génétique des autres races qui serait sauvé du naufrage serait celui qui est contenu dans les hybrides!
c'est une vision extrême mais si la logique est évidente dans l'extrême, elle l'est certainement ailleurs aussi.
Il faut aussi voir qu'une abeille autochtone n'est pas nécessairement mieux adaptée à son milieu de vie ni capable de s'adapter à de nouvelles conditions, qu'une abeille importées, ne serait-ce qu'en rapport avec sa diversité génétique propre.
Quel intérêt alors de conserver des races pures, si ce n'est pour la satisfaction d'avoir des jaunes, des grises, des noires ou des bleues?
A bon entendeur, salut
